Goncourt, Renaudot, Femina, Médicis… Un point sur le rôle des prix littéraires

l'impact des prix littéraires

Il est presque impossible de passer devant une librairie sans s’arrêter devant les fameux bandeaux rouges qui témoignent du mérite d’un ouvrage. Chaque année, les prix littéraires nous offrent un véritable défilé médiatique : les jurys épluchent minutieusement les nombreuses parutions nommées dans chaque catégorie.

Alors qu’on ne comptait qu’une poignée de récompenses prestigieuses il y a quelques décennies, aujourd’hui les prix littéraires n’ont de cesse de se multiplier : prix Goncourt des lycéens, prix des détenus, prix du roman FNAC, prix des libraires…

C’est un fait, ces livres ornés de rouge font pencher la balance dans nos décisions d’achats. Mais comment ces distinctions bénéficient-elles à un auteur ou à une maison d’édition ? Quel est l’impact des prix littéraires sur les ventes de livres ? Comment ces prix ont-ils obtenu une place de prescripteur auprès des lecteurs ?

Auteur et éditeur sous les projecteurs

Pour un auteur, les avantages d’un prix littéraire ne s’arrêtent pas à une importante couverture médiatique : en plus d’être largement reconnu par ses pairs et son public, il devient synonyme de confiance pour les libraires, les maisons d’édition, et voit l’aboutissement de son œuvre et la reconnaissance de ce dernier.

Du côté de l’éditeur, en plus de bénéficier de la renommée d’un auteur, le prix assure une large distribution en France ou à l’étranger, ainsi que la cession de droits pour de nombreuses traductions, et éventuellement une adaptation sur écran.

Il faut savoir que les prix littéraires ne sont pas toujours accompagnés d’une rétribution financière lors de la remise. La gratification du prix Goncourt par exemple, qui permettait autrefois aux élus de s’assurer un certain confort, représente un chèque de 10 euros aujourd’hui et est rarement encaissé par les gagnants. Les auteurs qui remportent le prix Renaudot ou le prix Femina ne gagnent rien. En revanche, le Grand prix du roman de l’Académie française est tout de même doublé d’une récompense à hauteur de 10.000 euros. C’est, avant tout, avec le succès de l’ouvrage en termes de vente que l’auteur et l’éditeur seront rémunérés.

Des prix qui résonnent dans toute la France

Pour un livre dont la parution est antérieure à la réception d’un prix, on constate une considérable croissance des ventes qui démontre la notoriété de ces distinctions. D’un prix à l’autre, l’essor des ventes est plus ou moins conséquent. Mais de tous les prix littéraires, le Goncourt est le plus vendu, avec une moyenne de 544.000 exemplaires. Puis viennent les prix Renaudot, qui affiche une moyenne de 248.000, Femina qui a écoulé autour de 171.000, puis le Grand prix du roman de l’Académie française, approximativement 57.000 ventes.

« Dans le cas d’un Goncourt, 10 % des ventes se font avant de le remporter, et 90 % dans les douze mois qui suivent », témoigne Bertrand Py (Ouest-France).

La notoriété de ces prix s’est établie non seulement grâce à la confiance que la population accorde aux institutions littéraires depuis plusieurs siècles mais également grâce aux efforts fournis par les libraires et au travail de tous les acteurs de la chaîne du livre.

Les libraires, discrets artisans du désir

Nous le savons, les libraires occupent une place essentielle dans la chaîne du livre. Ils nous conseillent, qui expérimentent et cherchent à provoquer des émotions en nous. Les livres récompensés par un prix littéraire, bien reçus ou non par le public, sont très prisés des libraires et les lecteurs ne sauraient passer outre leurs recommandations.

S’il est certain que les prix littéraires font partie intégrante du paysage de la littérature française, ces institutions ne sont pas épargnées par les polémiques. En 2022, le jury du Goncourt s’est trouvé en désaccord sur l’attribution du prix entre “Vivre vite” de Brigitte Giraud  et “Le mage du Kremlin” de Giuliano da Empoli .

« Il ne faut pas oublier nos amis et alliés que sont les libraires. Si on donne deux prix à un seul livre, ça ne fait qu’un livre dans la vitrine », précise Didier Decoin, président de l’Académie Goncourt, qui a dû user de son veto pour trancher entre les deux ouvrages.

Nous n’oublierons pas les bibliothécaires qui, au même titre que les libraires, jouent un rôle primordial à la diffusion d’un titre primé. Tous deux sont en contact direct avec les lecteurs et clôturent l’odyssée d’un livre récompensé par un prix littéraire.

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